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PIERRE QUI ROULE

LES OPINIONS D’UN JOURNALISTE

Au cours de l’article par lequel M. Quéquienne Quénoche prend possession du fauteuil de l’Opinion Publique, de Worcester, on lit :

« Ma franchise a pu me rapporter plus de déboires que de profits. Je ne m’en plains pas, je le savais d’avance, et j’en avais pris mon parti, bien résolu à en faire la part du feu.

Dans le regret qu’ils éprouvent de ne pouvoir m’abaisser à leur niveau, certains envieux, incapables de trouver dans mes écrits rien qui soit de nature à me compromettre, en sont réduits à me reprocher d’avoir rédigé plusieurs journaux.

À les entendre, on dirait que mon cas est exceptionnel, que tous les rédacteurs de journaux franco-canadiens naissent et meurent dans le même bureau de rédaction. Lorsqu’ils m’auront cité un seul journal important, qui n’a jamais changé de rédacteur, un seul journaliste sérieux qui n’ait pas, dans le cours de vingt ou vingt-cinq ans, eu l’occasion de rédiger plusieurs journaux différents, je conviendrai que je suis un grand coupable.

Il pourrait se faire qu’en furetant quelque peu dans les recoins poudreux de quelque obscure gazette, ils finiraient par découvrir, à travers, la moisissure et les champignons d’espèce plus ou moins vénéneuse, un phénomène ankylosé, moralement et physiquement perclus, qu’une clique, politique ou autre, nourrit et conserve à titre de curiosité anté-diluvienne, mais les infirmes de cette catégorie n’ont jamais servi de modèles à l’homme actif, qui s’aperçoit que tout se meut autour de lui et qui veut prendre part à l’évolution générale.