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PIERRE QUI ROULE

article du journal de M. Pacaud. Je viens de le lire et je prends la liberté de relever quelques-unes des inexactitudes qui me concernent personnellement.

« On m’y traite un peu de Turc à Maure, sur un espace de plusieurs colonnes ; mais, comme je suis un peu habitué à cette délicatesse de procédés de la part de gens qui n’ont jamais pu réussir à me faire prosterner avec eux devant les Manitous de la politique, je me bornerai à signaler les plus grotesques des mensonges qui émaillent ce chef-d’œuvre de pacotille.

« Commençons par une citation. Après avoir entonné à la louange de M. Mercier l’hosanna de rigueur, M. Pacaud s’écrie.

« Chaque fois qu’un journaliste, un quidam quelconque appartenant au grand parti conservateur se rend suspect à ses propres amis, qu’il baisse dans leur estime, qu’on ne le croit plus « ferme dans la foi » (style Leblanc-Martel, réminiscence de Sainte-Barbe !) et qu’on le montre du doigt comme un faux frère dont il faut se méfier et à qui il faut cacher les secrets du parti, ce personnage déchu n’a plus qu’une ressource, qu’une manière de relever ses actions. Les décavés au jeu se brûlent la cervelle. Les décavés bleus ont mieux que cela : M. Mercier et ses amis ne sont-ils pas là ? Ils tapent dessus comme sur des têtes de Turcs, à tour de bras ; et chaque coup qu’ils donnent les relève d’un cran dans la hiérarchie du parti. »

« Il est évident que cette tirade me vise. La suite le prouve, mais c’est absolument comme si certains blagueurs prétentieux, qui prennent leurs têtes de linottes pour des têtes de Turcs, dirigeaient une arme à feu contre leurs coloquintes respectives dans l’espoir de se faire sauter la cervelle qui leur fait complètement défaut : ça manque le but. Je suis bien journaliste, pour mon malheur et pour le plus grand désespoir des cour-