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PIERRE QUI ROULE

À son retour dans l’ancienne capitale, il constata qu’on avait profité de son absence pour modifier l’en-tête du journal. Son nom, qui figurait d’abord comme directeur, avait été remplacé par celui d’un jeune avocat, qui n’était pas journaliste, mais qui est devenu plus tard ministre des Postes à Ottawa. Dans le bureau de direction, dont Quéquienne faisait partie, il y avait plusieurs jeunes gens, dont trois ou quatre sont devenus juges. L’un d’eux, qui était alors à ses débuts, est aujourd’hui lieutenant-gouverneur de la province de Québec, après avoir été juge-en-chef de la Cour Suprême et administrateur du Dominion.

Que pouvait bien faire le nouveau rédacteur de la Justice contre cette douzaine d’arrivistes, dont deux étaient déjà membres du Cabinet Mercier ? On lui avait enlevé le titre de directeur du journal, mais on avait accolé son nom à celui d’un autre et tous deux figuraient comme rédacteurs-en-chef. Il ne pouvait partir comme il était parti du Courrier de Montréal. Il avait signé un engagement qui le liait pour au moins treize mois car, il lui fallait donner un mois d’avis pour pouvoir partir au bout d’un an.

Il se résigna donc à rester jusqu’à l’automne de 1889. L’emploi qu’on lui avait promis à l’Assemblée Législative ne lui fut jamais accordé. Ses livres lui furent payés à un prix inférieur à celui qui était convenu, de sorte qu’il n’avait aucune raison de se féliciter d’avoir cédé aux instances de son ami Georges Duhamel. Deux ans après, se trouvant à Montréal, voici ce qu’il écrivait en réponse à une attaque de la part de l’Électeur :

LES FOURBERIES DE SCAPIN

« La Minerve répondait lundi matin à un premier Québec de l’Électeur. Je n’avais pas encore vu cet