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PIERRE QUI ROULE

de disculper un vulgaire électeur. Quéquienne dut se contenter de faire publier ces affidavits dans le Hérald de Montréal.

Honoré Mercier était alors premier-ministre à Québec et Georges Duhamel était l’un des membres de son cabinet. Ce dernier avait beaucoup insisté pour faire entrer Quéquienne à la rédaction de l’Étendard. La direction de ce journal indépendant ne se souciait pas de se faire imposer par un groupe politique un rédacteur dont elle n’avait pas besoin. De son côté Quéquienne ne considérait pas qu’il eût besoin de l’intervention des gouvernants pour faire du journalisme s’il lui plaisait d’en faire.

Qu’on lui offrit un emploi permanent comme celui qu’il venait de perdre et il était prêt à l’accepter ; mais, pas plus alors qu’auparavant, il n’était disposé à se faire l’obséquieux organe d’une coterie. Il ne lui manquait que deux choses pour entrer à l’Étendard : son propre consentement et celui du directeur de ce journal. Mais M. Duhamel tenait à garder Quéquienne dans le journalisme. Celui-ci, mandé à Québec, accepta les conditions qui lui étaient offertes. Il était nommé directeur de la Justice ; il devait être employé à la Chambre durant la session et le gouvernement achetait au prix courant ce qui lui restait des livres qu’il avait récemment publiés. Le tout devait lui assurer, pour l’année suivante, une recette nette de $2,500.

Quéquienne transporta sa famille à Québec vers la fin de l’été. Peu de temps après, il fut appelé à Montréal pour prendre part à une élection où l’un de ses anciens collègues était candidat. Il était depuis quelques jours à Montréal, lorsqu’il reçut une dépêche lui annonçant que sa mère venait de mourir à Stoke. Il partit immédiatement pour cet endroit et résolut d’amener son père passer l’hiver avec lui à Québec.