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PIERRE QUI ROULE

« J’entrai immédiatement à la rédaction de la Gazette de Joliette, où je demeurai jusqu’au printemps de 1878. Je me disposais à revenir aux États-Unis, lorsque je reçus de la direction de la Minerve une lettre m’offrant un emploi permanent comme traducteur à ce journal. J’acceptai et j’entrai immédiatement en fonctions.

« Dans mon numéro prospectus des Laurentides, paru le 10 avril 1877, je me déclarais conservateur, tout en promettant de rester toujours indépendant des coteries politiques. Je crois avoir fidèlement tenu cette promesse non seulement pendant mon séjour à Saint-Lin, mais toujours et partout où les vicissitudes du journalisme m’ont fourni l’occasion d’exprimer mes opinions. Ces dernières se sont considérablement modifiées depuis dix-sept ans, mais elles ont toujours été sincères.

« Tout en déplorant, les funestes conséquences de l’esprit de parti, j’étais alors un conservateur convaincu. Je croyais encore à la sincérité des chefs conservateurs et, les jugeant d’après leurs protestations, je voyais en eux les champions de la cause franco-canadienne. Je m’explique maintenant pourquoi. À Ottawa, ils étaient dans l’opposition depuis 1874 ; à Québec, ils étaient renversés le 8 mars 1878 par le coup, d’État de Letellier. En politique comme ailleurs, la critique est aisée et l’art est difficile. Les fautes des gouvernements sont palpables. Celles de l’opposition sont moins tangibles et plus faciles à éviter.

« L’opposition peut se permettre presque impunément, de blâmer, chez ses adversaires, des péchés d’omission et de commission dont elle-même se rendrait coupable le cas échéant. Sous le régime Mackenzie, les conservateurs étaient Riellistes et les libéraux refusaient d’accorder une amnistie complète aux chefs de la première insurrection du Nord-Ouest. Les libéraux