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PIERRE QUI ROULE

de lui procurer une indemnité pour ses pas et démarches ; que nous l’avions choisi à cause de son talent et de la confiance qu’il nous inspirait et que nous étions décidés à lutter jusqu’au bout. Notre désintéressement parut le surprendre et l’affaire n’eut pas de suite.

« Je ne nommerai pas ce personnage qui jouait alors et qui joue encore un rôle important dans la politique. Je me bornerai à dire qu’il était de Québec, ville fertile en courtiers d’élection.

« Le 53ième bataillon, recruté à Sherbrooke et dans les environs, avait alors une compagnie franco-canadienne, commandée par le capitaine Rioux, magistrat de district. Pendant mon séjour à Stoke, j’avais enrôlé une compagnie de cinquante hommes, dont les services n’avaient pas été acceptés en dépit de la recommandation du colonel King, major de brigade. J’ai constaté depuis, que les cadres de la milice canadienne sont presque toujours au grand complet lorsqu’il s’agit d’organiser un corps exclusivement franco-canadien.

« Il a bien fallu admettre quelques bataillons d’infanterie franco-canadienne, surtout dans les campagnes exclusivement françaises, mais on s’est toujours arrangé de manière à réserver l’artillerie et la cavalerie, considérées comme armes supérieures, pour l’élément anglais. On a tenté à plusieurs reprises de former un bataillon de zouaves canadiens-français à Montréal. Toujours on s’est heurté à l’inflexible mauvais vouloir des autorités qui, feignant de se retrancher derrière les règlements, refusaient d’accepter la moindre modification en fait d’uniforme.

« Cela ne les empêchait, pas cependant de permettre aux fusiliers royaux de porter le kilt écossais, que les règlements en question n’autorisaient pas le moins du monde. Quant à commander en français les bataillons formés par nos compatriotes, il n’y fallait pas