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PIERRE QUI ROULE

exclusivement méthodiste, qui occupait tout le voisinage dans un rayon de trois ou quatre milles, voyait d’un mauvais œil la fondation d’une paroisse canadienne dans ce centre ultra-protestant. La loge des « Good Templars » redoutait le contact de gens incapables, même le jour du sabbat, de prendre cet air lugubre adopté par les saints tristes qui, d’après une excellente autorité religieuse, sont ordinairement de tristes saints. On allait jusqu’à dire qu’il y aurait des courses de chevaux le dimanche, qu’on ouvrirait des buvettes et que les prêtres finiraient par régenter toute la population. Dans de pareilles conditions, achalander un magasin papiste eût été se rendre coupable de lèse-méthodisme.

En faisant des crédits à long terme Quéquienne eut pu vendre suffisamment pour se tirer d’affaires ; mais la mort du curé Turcotte lui enlevait toute perspective de voir ses compatriotes se grouper autour de son magasin. L’assortiment fut vendu au maître de poste de Clifton-Est. Quéquienne fut nommé secrétaire-trésorier de la municipalité et de la Commission scolaire de Stoke, emplois qu’il cumula avec celui d’instituteur de Stoke-Centre.


LES SOUVENIRS D’UN JOURNALISTE

Vingt-deux ans après, sous le titre de Souvenirs d’un journaliste, Quéquienne devait publier une série d’articles d’où je vais faire de copieux extraits. On y trouvera non seulement des détails précis sur ce qui lui est arrivé de 1872 à 1879, mais encore une dissertation sur l’évolution d’une chrysalide commerciale destinée à papillonner dans les champs stériles du journalisme. Voici donc une partie de ce que Quéquienne écrivait en 1894 :