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PIERRE QUI ROULE

les présentations d’usage, Quéquienne lut une supplique, rédigée par lui et signée par tous les intéressés, exposant les besoins religieux de la localité. La requête fut favorablement accueillie et M. Gendreau, alors curé de Cookshire, fut autorisé à dire la messe une fois par mois dans la maison des Quénoche.

Quelque temps après, Quéquienne étant allé à Cookshire, y rencontra M. Magloire Turcotte, ancien curé en retraite. Ce digne prêtre lui proposa d’aller demeurer avec lui à Clifton-Est et de se charger de la desserte, à condition que l’on obtiendrait l’autorisation de l’évêque. Enchantés de cette proposition, Quéquienne et M. Ricard se rendirent à Saint-Hyacinthe et revinrent tout joyeux d’annoncer le consentement des autorités diocésaines. Une partie de la maison fut transformée en chapelle et le vénérable curé Turcotte y exerça le ministère jusqu’à sa mort inopinément survenue au cours de l’hiver de 1872.

Frappé de paralysie, il s’éteignit au bout de quatre jours, ayant conservé toute sa lucidité, mais n’ayant pas recouvré l’usage de la parole. Quéquienne était allé en toute hâte chercher le docteur Thomas Larue, à Compton, à 18 milles de distance, tandis qu’un autre membre de la famille allait à Cookshire, d’où il revenait avec le curé Gendreau. Celui-ci put administrer le malade et rester à son chevet jusqu’à la fin. Le père Turcotte fut profondément regretté. C’était un prédicateur émérite qui, à l’âge de 72 ans, savait encore, de sa voix vibrante, remuer les cœurs de ceux qui assistaient à ses sermons. Avec lui s’éteignit tout espoir de voir l’érection canonique de la paroisse qu’il avait rêvé de mettre sous la protection de son patron, Saint-Magloire.

Un an après son arrivée à Clifton-Est, Quéquienne en était venu à la conclusion qu’il ne ferait jamais fortune dans le commerce à cet endroit. La population