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PIERRE QUI ROULE

LES FAITS ET GESTES DE PIERRE BAUTY

Cela me rappelle un incident du temps où je marchais au catichime. Parmi ceux qui se préparaient à leur première communion, dont la plupart étaient âgés de dix ans, il y avait un grand idiot âgé de dix-huit ans dont l’éducation avait été outrageusement négligée. Entre les heures de catéchisme, quelques-uns des plus avancés s’efforçaient de suppléer à son manque d’instruction religieuse. Il y a toujours des loustics, même parmi ceux qui se préparent à leur première communion. L’un d’eux — cet âge est sans pitié — avait fait accroire à Pierre Bauty qu’il fallait dire :

« Un seul Dieu tu adoreras
Michel Rochette d’en bas. »

Le bon curé n’avait pas trouvé ça drôle et l’auteur de ce démarquage du Décalogue avait failli être renvoyé.

Pierre Bauty n’avait jamais lu Gentil-Bernard, ni autre chose d’ailleurs, mais il était plus avancé en ce qui concerne l’art d’aimer qu’en matière religieuse. Un jour, il avait entrepris de nous pétrifier d’étonnement en nous démontrant jusqu’à quel point il savait parler aux filles. Lorsqu’il s’agissait d’offrir son cœur, il usait d’un procédé irrésistible.

Il commençait par dire de sa voix la plus mielleuse : « Bonsoir ma chare p’tite’ amourette, on va-t-y parler du mariage su soir ? » Il ne nous a jamais dit ce que sa Dulcinée répondait.

Un jour, Pierre nous disait qu’il avait vu un lièvre. — Parle en politique Pierre, lui fut-il suggéré, ou bien tu vas te faire prendre.

— Eh ! ben comment c’que ça s’dit en politique ? — Il faut dire un lieuvre.