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PIERRE QUI ROULE

LES CONSÉQUENCES D’UN ARTICLE DE JOURNAL

La publication de cet article eut pour effet de hâter le départ de Quéquienne pour le Canada. Les conseils de M. Bélanger et la lecture du Pionnier lui avaient inspiré l’idée d’aller s’établir dans les Cantons de l’Est, où la population d’origine française augmentait rapidement. Le journal sherbrookois comptait un certain nombre d’abonnés à Woonsocket où la véhémente protestation de Quéquienne produisit une profonde sensation. Le curé McCabe, mis au courant de l’affaire, envoya porter à Quéquienne une lettre dont le texte anglais pouvait se traduire à peu près dans les termes suivants :

« J’avais toujours cru que ceux qui chantent à l’église sont des chrétiens fervents. Je regrette de constater que certains d’entre eux songent plutôt à faire admirer leur voix qu’à rendre hommage à la Divinité. Je constate que vous êtes du nombre de ces derniers. Vous faites dans la presse des assertions que je vous ferai rétracter, s’il est possible d’obtenir justice devant nos tribunaux. Jusqu’à ce que vous l’ayez fait, je vous défends de faire partie du chœur de l’église. »

Quéquienne répondit qu’il n’avait rien à rétracter et que la menace d’une poursuite ne l’intimidait pas le moins du monde. Le lendemain, un ami vint l’avertir. de se tenir sur ses gardes. Le fait qu’il avait servi dans l’armée américaine était peu connu ; le fait que, régulièrement, il en faisait encore partie, l’était encore moins. Il l’était encore trop, cependant, puisqu’un individu, probablement le même qui avait procuré à M. McCabe la traduction de l’article du Pionnier, disait que si Quéquienne refusait de se rétracter, il serait