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bon vouloir — ces œuvres ne parviennent pas à nous intéresser parce qu’elles ont la tache originelle : elles sont de chez nous. Un livre étranger, de thème à peu près identique, gagne immédiatement nos suffrages, et nous admirons parfois en lui ce que nous méprisons dans nos propres travaux. Regardez certaines pages de Maria Chapdelaine, parmi les plus belles.

Cette tendance est bien française. Nos cousins d’outre-mer viennent de découvrir, grâce à M. Chamard, que la Chanson de Roland est un chef-d’œuvre. Sans la bravoure et la patience de Paulin Paris et de ses successeurs, Ronsard dormirait encore dans la poussière avec les manuscrits enluminés du moyen âge. Seuls contre tous, les dénicheurs d’épopées nationales ont eu la force d’imposer à la critique leurs recherches, leurs opinions, leurs préférences. Les premières conquêtes de ces hommes invincibles portent des noms historiques : Sainte-Beuve, Théophile Gautier. C’est pourtant aux parchemins rongés que la France doit La princesse lointaine ; Cyrano de Bergerac n’aurait jamais paru sur la scène, si la vieille littérature française était restée dans la plus pénible des morts, dans l’oubli.

Étudions nos livres à nous ; nous pourrons alors les juger. Lisons-les, et nous cesserons de les nier absolument. Ne nous contentons pas de l’opinion des autres. Notre presbytis-