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l’âme de son pays, éparse dans les milliers d’ouvrages parus au cours du siècle dernier. Un Paul Morin, inspiré comme le fut Louis Fréchette par l’épopée, comme l’était Pamphile LeMay par l’idylle, est capable de donner au Canada des vers dignes de la grande humanité.

La Critique s’est élargie, elle s’est mieux acclimatée aux tendances modernes, elle s’est faite édifiante au vrai sens du mot ; ses représentants les plus notables, MM. l’abbé Camille Roy, le chanoine Chartier, Henri d’Arles et Adjutor Rivard, ont quitté la coutume ancienne, faite d’admiration véhémente ou de grotesque abattage, et dès lors une jeune école d’écrivains, sentant planer autour d’elle une atmosphère plus respirable de vérité artistique, a voulu mériter la confiance dont on l’honorait, et c’est là l’origine même des progrès accomplis depuis 1910. Or la Critique de bon aloi, savante, artiste, humaine, perspicace, est le seul point d’appui sérieux de nos lettres canadiennes. Le public existe à peine, tant il s’intéresse peu à la Littérature.

Heureusement, une réaction se produit. On lit davantage, et mieux. L’école s’occupe des écrivains du terroir, et l’on commence à savoir que l’Académie française a couronné une douzaine d’ouvrages écrits par les nôtres. D’ailleurs la renommée littéraire est ici comme au dehors plus souvent qu’on ne croit