Verchères pouvait fuir, mais une voix impérieuse lui commandait de tenir, et c’était, dans l’âme de l’adolescente, la voix de la Patrie. Frontenac, de Beaujeu, le marquis de Montcalm, et le dernier, Lévis, sentaient sur eux passer un souffle irrésistible, toujours le même ; et la bannière aux fleurs de lis claquant dans la fumée qui montait des bastions, attestait l’âme de la Patrie.
Plus tard, ce fut au tour des tribuns populaires. La Proclamation de Québec battue en brèche et enlevée d’assaut, les luttes constitutionnelles, l’acheminement vers l’Acte confédératif, et la culminance de toutes ces épreuves dans la résistance aux règlements scolaires, tout cela venait, tout cela vient d’une inspiration unique, commune à tous, et c’est dans les phases variées du conflit, le même cri de ralliement, ici comme sous les ruines de Verdun : « On ne passe pas ! »
Le Canadien a donc conservé son âme nationale.
Il a conservé son âme, parce qu’elle est invulnérable. Elle a pour appui la Croix qui sauve. Le sang des martyrs l’a immortalisée dans les bois d’Ontario, où de glorieux missionnaires ont expié d’avance les fautes de notre race.
Elle a pour soutien la Croix qui console. Partout le signe rédempteur ponctue les routes, et le travailleur lassé n’ignore pas qu’un