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RAPSODIE

De ta frêle tige
Vas-tu, sans vertige,
Jusques au palais
Épuiser l’ablais
De ta frêle tige ?

Dieu commande, et je marche où m’attend le sillon.
De l’aurore endormie au couchant vermillon,
Pendant que les pierrots chantent mes épousailles,
Je vole dans la joie immense des semailles.
Le paysan loyal me donne plus d’amour,
En broyant sous ses pas l’étape d’un long jour,
Que le riche orgueilleux n’en garde en sa vieillesse
Pour le trésor qui fuit sa tragique faiblesse.
C’est aux humbles que parle en son langage pur
Le crépitement vif et chaud de mon fruit mûr ;
Sur leur front rayonnant du prodige des marnes,
Et dans leurs bras nerveux que la tâche décharné,
Passe un courant divin descendu d’outre-ciel,
Mais le courant se brise au porche solennel,