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LES FERMENTS

L’atavisme du sol a des droits de noblesse
Trop rudes pour les bras que la besogne blesse.
Fauchons ! Le bruit des faulx soulage les épis,
De richesses gavés et longtemps assoupis
Dans le mûrissement des forces qu’ils recèlent,
Et dont les embonpoints sous le fardeau chancellent.
Chantons à la vigueur des champs ! Un refrain vieux,
Comme les vins cavés, se fait plus généreux.
Le neuf est aujourd’hui l’âme des vieilles choses,
Et le froment renaît du fléau des nivôses.
Les taillants sonnent clair, dans l’or des chalumeaux,
Et leur fanfare éclate aux seuils de nos hameaux.
Un crissement confus de paille qui s’écrête
Évoque les cargos, et les blés mis en crête,
Des jours où nos greniers, en vidant leur trésor,
Livrent à l’océan les céréales d’or.
Hardi, les gars ! La brise au sein des champs déroule
Une majestueuse et permanente houle
Vibrante de soleil et de flots diaprés,
Où plonge en grisolant l’alouette des prés,