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LES FERMENTS

Sous les pesants rameaux des chênes endormis,
L’effort silencieux d’innombrables fourmis
Fait surgir du sol noir l’éclat des sables jaunes,
En gonflant le sentier qui traverse leurs zones.
Bientôt l’œuvre tenace aura comblé de grain
Les couloirs sinués du grenier souterrain.
Aux champs, les hommes vont, une romance aux lèvres,
Grandis par les travaux dont la ville nous sèvre.
Ô les saintes sueurs qui donnent du froment !
Chaque sillon creusé provoque un battement
Plus viril dans le cœur de la famille humaine.
Semeur, ton geste las est plus fort que la Haine,
Il produit ; et la terre, avide de fermer
Sur le grain la chaleur qui le fera germer,
Cache aux yeux pervertis les richesses accrues,
Que ne comprendrait pas la misère des rues !