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Qui chasse hors de France, et jusqu’aux bords du Rhin,
Tes soldats en déroute et tes rois en panique.
Tu rêvais que l’effroi du meurtre sous-marin
Arrêterait aux ports les flottes titaniques.
Tout ce que la Belgique a moissonné de pleurs,
Tous les deuils que la Terre a portés sous les armes,
Tous le butin des officiers cambrioleurs,
Et les viols commandés dans les villes en larmes,
C’est toi, Von Bernhardi, toi qui les a voulus.
Regarde la frontière, et dis quelle réponse
Fait au dogmes d’Essen la vague des Poilus !
De la Manche à Belfort ta ligne se défonce.
Dans la Belgique morte, une force surgit
Des cendres du foyer pour délivrer ses Marches.
Le sabre avait écrit sur le peuple : « Ci-gît ! »
Mais du sol mitraillé, le sang des patriarches
Jaillit de chaque tombe et de chaque terreur.
Et se transfuse en Lui, qui ne fut pas complice
Des junkers aveulis et d’un veule empereur.
Franchis jusqu’à Visé la Terre-du-Supplice,
Et demande aux déserts qui cachent tes Louvains,
Quelle agonie attend ta puissance rhénane !
Les Cent diront : « Qui vive ! » et les échos sylvains
Écouteront venir l’immense caravane,
Le cortège innombrable et vif du talion.
Tu méprisais les corps, c’est l’âme qui se lève,