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L’immuable Justice entendra les témoins,
De partout accourus pour revancher les Flandres,
Et pour faire crouler sur ses piliers disjoints,
L’empire, comme un bois que rongent les malandres.
Et ces témoins du Droit devant l’Éternité
Diront à Dieu :
— Voici les fusilleurs d’otages.
Voici ceux dont la haine et dont l’iniquité
Ont blasphémé contre le sang de l’Héritage,
Que ton Fils a légué du haut du Golgotha !
Voici Caïn-Guillaume et ses valets, les princes.
Voici les meurtriers, zeppelins et gothas,
Les officiers, déportateurs de nos provinces !
Entends ces cris d’horreur ! C’est le rempart vivant
Placé devant la troupe en marche. Vois, des femmes
Sentent la Mort planer et courir dans le vent,
Quand la mitraille jette en tourbillon ses flammes.
Les enfants sont frappés ; les mères, le sein nu,
Le corps brisé, sanglant, marqué de coups de crosse,
Atteintes à leur tour, comme un flot continu
S’affaissent dans le bruit du sacrilège atroce !
Des prêtres, des vieillards, dans les vides poussés,
Sont broyés par le fer et foulés sous les bottes !
Car ce sont des Prussiens, des êtres émoussés
De tous les sentiments sombrés dans les ribottes,
Qui font ainsi la guerre aux Belges insoumis.