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Qui vengera jamais les tortures des mères,
Quand la Paix remettra les glaives au fourreau ?
Et vous, quels justiciers attendez-vous, Chimères,
Qui suspendez aux tours des Panthéons chrétiens
Vos symboles de pierre inclinés sur le vide ?
Quels mystérieux mots forment vos entretiens.
Quand, la nuit, vous songez au maraudeur avide,
Qui pointe sur vos murs les canons infernaux,
Pour trouer dans le Ciel des blessures géantes ?
Ô combattants sacrés qui veillez aux créneaux,
Quel ordre vont donner vos bouches suppliantes.
Aux hommes qui viendront ?
— Vengez Reims, et Louvain !


II


Mais d’où vient cet appel déchirant et tragique,
Qui fait monter la Haine au cœur, comme un levain ?
La Parole est muette, ô femmes de Belgique !
Car vos yeux ont vidé l’océan des douleurs,
Quand la Prusse a voulu vous briser sous l’opprobre,
Et d’un baiser ternir les célestes pâleurs,
Sur vos fronts où Dieu mit tous les trésors d’octobre.
La tache n’atteint pas votre peuple martyr,
Qui tomba sans défaite en ébranlant le Monde ;
Et quand les jours futurs viendront s’appesantir
Sur les tyrans d’Aerschot, de Liège et de Termonde.