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Qui sur les bords du Rhin les jettent terrassés,
Ces peuples pantelants clament dans leur colère
Leur menace au césar :
— Pas plus loin ! C’est assez !
L’âme du Monde meurt ! Il ne faut plus de guerre !

Il arrive trop tard, le mot Humanité,
Le zèle sans drapeau, le rêve sans patrie,
Quand les ruines ont dans leur infinité
Repoussé hors des lois la nation flétrie,
Qui veut jusqu’à l’abîme aveugler son Destin.
Toujours plus loin, plus bas, l’Orgueil humain retombe,
Et met la conscience au-dessous de l’instinct ;
Il entre, sans la voir, dans la vaste hécatombe,
Où sont les passions des siècles entassés,
Où sont les conquérants avec la barbarie,
Les dols, les trahisons, les serments transgressés.
Et toutes les hideurs des âges de tuerie ;
Son vieux dogme guerrier que l’Amour haïssait,
Pousse à la déchéance et n’entend plus les âmes ;
Le Sacrilège dit : « Roi du Monde ! Qui sait !… »
Et sur l’œuvre de Dieu pose ses mains infâmes ;
Il réveille le fauve à Potsdam endormi,
Et lui crie :
— En avant ! La Terre est au pillage !
La proie est au plus fort ! Le Droit est l’Ennemi !