Page:Tremblay - Le français en Ontario, 1913.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

les tribunaux fédéraux et la documentation des services publics fédéraux sont constitutionnellement bilingues alors que les institutions provinciales sont strictement monolingues. C’est un non sens. Lord Dufferin, John-A. Macdonald et le docteur Bryce, président de la Société Royale du Canada, ont trouvé, avec un grand nombre d’autres Anglais éclairés, que le bilinguisme canadien ne mettrait aucunement en danger l’allégeance britannique des Franco-Canadiens ou de leurs compatriotes anglophones.

L’officialité du français entraîne l’existence d’une population qui connaît la langue française écrite, cette connaissance réclame une culture ; et comme au Canada l’État se fait instituteur dans les provinces, il a le devoir d’enseigner une langue que ses habitants ont le droit officiel de connaître, de parler et d’écrire dans les affaires publiques du Canada : un système d’éducation qui exclut le français est donc anticonstitutionnel, ou alors l’officialité de notre langue dans les affaires fédérales n’a pas sa raison d’être.

La langue française étant officielle depuis la Cession, l’enseignement du français a donc des droits constitutionnels dans tout le pays, au même titre que l’anglais ; et comme les provinces ne peuvent pas décréter qu’une seule des langues sera enseignée, la Constitution ne dit rien sur l’exclusion du français dans les provinces, — la résolution du 22 mars 1911 est « ultra vires », parce qu’elle impose l’emploi d’une langue que les écoliers canadiens-français ne peuvent pas comprendre, avant de l’avoir apprise par le véhicule de leur idiome maternel, officiel de par la coutume, de par le droit des gens et de par la constitution.