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ce comté[1]. Il y avait tant de Français, proportion gardée, dans le Haut Canada, que le premier gouverneur, John-Graves Simcoe, sanctionna une ordonnance législative adoptée le troisième jour de la deuxième session, soit le lundi, 3 juin 1793, et qui se lit comme suit :


« Sur proposition faite et appuyée, il est ordonné que tels actes qui ont été adoptés ou qui POURRONT plus tard être adoptés par la Législature de cette province soient TRADUITS en LANGUE FRANÇAISE pour l’avantage des habitants du district occidental de cette province et DES AUTRES COLONS FRANÇAIS QUI POURRONT VENIR HABITER DANS CETTE PROVINCE ; et que A. Macdonnell, Écuier, greffier de cette Chambre, soit aussi employé comme TRADUCTEUR FRANÇAIS à cette fin et AUX AUTRES fins de cette Chambre »[2].


Il est bien évident que cette ordonnance n’aurait jamais été consentie par le Haut Canada si la coutume, reconnue depuis trente-trois ans par les représentants du pouvoir britannique et sanctionnée par l’Acte de Québec et l’Acte Constitutionnel, n’avait pas été si fortement et si largement établie.

Selon la définition de Regelsperger, « la Coutume est une source du droit, qui tire son autorité de l’assentiment tacite de tous les citoyens ». Or, les citoyens de 1793, en Ontario, étaient des Loyalistes venus récemment des États-Unis, et ils n’aimaient ni les Français ni les catholiques. Seulement, leur sincérité et leur largeur d’esprit, du moins dans la classe dirigeante d’alors,

  1. Sixth Report, Ontario Archives, tableau des députés, p. X, année 1909.
  2. Sixth Report, Ontario Archives, tableau des députés, p. 23, année 1909.