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baie du Tonnerre, mais sa relation avec les autres bourgades de l’Ours détruit la possibilité d’une semblable supposition. Otouacha était à une lieue seulement de Carmaron (Champ., IV, 27). Jones croit que le découvreur a mal épelé Karenaron, et il dit pourquoi (Old Huronia, pp. 58-59), Karenaron devient Karenhassa d’après les Racines et la Grammaire huronnes de Potier, et signifie L’endroit où sont disséminées plusieurs cimes d’arbres. Karenhassa était à quelques milles seulement du Toanché des Relations. Or la présence du P. de Brébeuf et des Récollets en cet endroit, des 1626, nous permet d’identifier Toanché avec Troenchain. Si Otouacha veut dire Le double atterrissage, et Toanché, par contraction du mot précédent, Un bon atterrissage (Old Huron., pp. 60-61), selon les mêmes racines et la même grammaire, il est assez probable que le village du P. Viel, en 1626, était le même qu’Otouacha, ou du moins son successeur immédiat ; car les emplacements de village changeaient de dix en dix ans (Rel., xv, 152), quand les besoins de l’agriculture, du combustible ou de la défense l’exigeaient (Champ., IV, 75). Toanché était à trois quarts de lieue de Karenhassa, comme Otouacha se voyait à une lieue (de Champlain) de Carmaron. Jones affirme que la lieue de Champlain était plus courte que celle des Jésuites ; il attribue trois milles anglais à la mesure des Relations et un peu plus de deux milles et demi à la lieue du fondateur de Québec ; le calcul donne dans les deux cas un résultat identique.


LE TRIANGLE DE SAGARD.


Alexander Fraser publiait en 1908 son cinquième rapport annuel des Archives d’Ontario, contenant l’érudit travail du P. Jones, 8endake Ehen, ou Old Huronia. La lumière se faisait enfin sur les théories lancées depuis une cinquantaine d’années au sujet de Toanché, et pour la première fois le triangle de Sagard était logiquement utilisé au moyen d’une opération trigonométrique. Le Récollet dit dans son Histoire du Canada (Vol. I, pp. 206-7) :


Il ſe paſſa vn aſſez long-temps apres mon arriuée auant que i’euſſe aucune cognoiſſance, ny nouuelle du lieu où eſtoient arriuez mes confrères, iuſques à vn certain iour que le Père Nicolas accompagné d’vn Sauuage, me vint trouuer de ſon village, qui n’eſtoit qu’à cinq lieues de nous… (207)… Le lendemain matin nous priſmes reſolution le Père Nicolas et moy auec quelques François d’aller trouuer le Père Ioſeph à ſon village eſloignez du noſtre de 4 ou cinq lieues, car Dieu nous auoit fait la grace que ſans l’auoir prémédité nous nous miſmes à la conduite de trois perſonnes, qui demeuroient chacun en vn village, d’égale diſtance les vns des autres, ſaiſans comme vn triangle.


Sagard habitait Tequieunonquayaé, appelé la Rochelle par les Français, à cause du port et des défenses naturelles de la bourgade.