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La Sépulture d’Étienne Brulé
Par Jules Tremblay.


(Lu par M. D. De Celles, à la réunion de mai 1915.)


Ce que les meurtriers hurons de la tribu de l’Ours ont épargné des restes d’Étienne Brûlé, lors du festin anthropophagique de juin 1633 à Toanché, repose encore dans la petite fosse simple que les aiheondé creusèrent en un bois de la Pointe, fosse aujourd’hui cachée sous le terreau d’une ferme occupée depuis peu par MM. Antoine et Constant Grozelle, moitié est du lot No I, XVIIe concession du township de Tiny, comté de Simcoe, où le défrichement et les labourages ont révélé l’existence d’un emplacement de village huron.

Contrairement à la tradition ouendate de la Fête des Morts, la dépouille de l’interprète n’a jamais été levée pour être placée dans l’ossuaire commun, selon le rite observé de douze en douze ans pour tous les ossements inhumés ou ensevelis dans l’intervalle, et elle gît à quelque mille de l’endroit où Brûlé arrivait en 1610 dans le canot d’Aénons.

Établissons d’abord le lieu où notre coureur des bois fut mis à mort, et nous verrons ensuite la date de son exécution, les raisons possibles de la condamnation, et les motifs qui peuvent nous porter à croire que la découverte prochaine de la sépulture, comme conséquence de recherches méthodiques, n’est pas une utopie.

Nous emprunterons souvent aux Relations des Jésuites, édition de Cleveland, à l’Histoire du Canada de Sagard, édition Tross, aux Œuvres de Champlain, édition Laverdière, ainsi qu’aux travaux modernes du P. Arthur-Edward Jones, S.J., Old Huronia, et d’Andrew-Frederick Hunter, Huron Village Sites, et A History of Simcoe County Les rapports archéologiques et les archives de la province d’Ontario, les levés topographiques et les arpentages faits pour le gouvernement fédéral, ainsi que notre correspondance personnelle touchant les fouilles de ces années dernières, serviront à appuyer nos observations et à confirmer quelques-unes de nos conjectures.


UNE INDICATION DU PÈRE DE BRÉBEUF.


Jean de Brébeuf revenait en Huronie dans l’été de 1634, après une absence de cinq ans. Sa relation nous dit (Vol. viii, pp. 88-90-92) :


J’arrivé aux Hurons le cinquieſme d’Aouſt… ayant demeuré trente iours par les chemins, quoy que d’ordinaire le voyage ne ſoit que de 20 iours ou enuiron Ie pris terre au port du Village de Toanché — 90 — ou de Teandeouihata, ou autresfois nous