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Un dispensaire meilleur, agrandi — le dispensaire actuel est absolument insuffisant.

Un quartier isolé pour le traitement du cancer et des maladies vénériennes — tous les médecins, tous les fonctionnaires municipaux reconnaissent l’urgence de cette innovation.

Une cuisine nouvelle munie d’accessoires modernes et d’un réfrigérant, permettant non seulement de servir mieux et plus économiquement les patients de l’hôpital, mais assurant aussi aux élèves-infirmières l’avantage d’une préparation scientifique parfaite en diététique.

Un aménagement spécial pour les patients du clergé et des ordres religieux.

L’hôpital municipal, dont la pierre angulaire a été posée ces temps derniers, affectera peu le service à Ottawa, puisque son inauguration, dans quelques années, amènera la fermeture de l’hôpital Saint-Luc et de l’hôpital protestant (rue Rideau) ; il donnera soixante nouveaux lits seulement. C’est bien peu quand il en faudrait au moins cinq cents, et même davantage.

En soixante-seize ans, l’hôpital public d’Ottawa a connu toutes les épreuves de la misère sans se plaindre. Ses religieuses ont soigné avec la sollicitude propre aux moniales les malades les plus répugnants. Elles seules traitent ici les cancéreux et les syphillitiques, car l’infirmière laïque, salariée, n’a pas les grâces d’état que rien n’achète, et elle n’a pas appris à faire pour l’idéal divin ce qu’on lui a enseigné à faire pour une rémunération. L’Institut des Sœurs Grises de la Croix, fondé en 1845, mais reconnu indépendant en 1854, comporte aujourd’hui 1875 religieuses de toute catégorie, réparties en 77 maisons d’éducation, onze hôpitaux, quatre hospices, quatre orphelinats, et une maison de refuge au Canada. Nous ne disons rien des établissements qui lui appartiennent aux États-Unis.

Comment le grain de sénevé s’est-il transformé en cet arbre géant aux ramifications innombrables ? Un fait obscur nous le dira. Nous le prendrons dans la vie de la fondatrice, Sœur Bruyère. Une épidémie de petite vérole accablait la ville d’Ottawa. Les gens mouraient par dizaines chaque jour. On n’osait plus sortir, même pour aller chez ses parents, tant la contagion était rapide, et chacun se barricadait chez soi contre le fléau.