dans l’ambiance d’un ancien journaliste. Je pourrais reprendre l’encrier de fiel et asperger quelqu’une de nos riches floraisons d’abus, mais cela ne changerait rien à l’ordre des choses, et j’en serais pour mes frais de fatigue et de bile. J’écris donc, mais en vers. Je chante au lieu de crier — j’ai du moins le souci de le tenter. Si mon effort est vain, la Prosodie ne s’en porte pas plus mal.
L’inspiration ne se commande pas. Parfois ma lyre s’éloigne du Terroir, mais je ne la querelle pas et ne la force pas à revenir au clocher, dans le guéret ou bien à la charrue, car alors la tâche imposée la rendrait revêche et assombrirait sa beauté de déesse. Libre dans les nuages ou dans les bois, dans les germes du sol ou dans les moissons, elle va où elle veut. Je tâche de la suivre. S’il faut de l’émotion absolument vraie, jusqu’aux larmes, pour l’atteindre, je puis dire sans rougir que j’ai failli la toucher en écrivant la double ballade dédiée au maréchal Joffre. Tous les Canadiens de sang français le comprendront. Cette ballade appartient aux Aromes du Terroir, parce qu’elle est un hommage de la France d’Amérique au sauveur de la France d’Europe, héros entré vivant dans la légende sacrée.