Car Jeannette et Jeannot vivent dans tous les cœurs,
Et la chaîne qu’au Ciel une vierge a ravie,
Retient l’homme à genoux durant toute la vie
Près des anges courbés sur les berceaux vainqueurs.
Muse des temps heureux, tu restes sans gardienne !
On commence toujours sans jamais achever.
La ceinture d’antan, qui nous porte à rêver
Des paisibles vertus de l’âme canadienne.
Mais cette âme, aujourd’hui, méprise le vieux temps
Où Jeannette priait naïvement la Vierge ;
Un remous étranger lentement la submerge,
Et rit des saintes fleurs qui doraient nos printemps.
La Ceinture Fléchée a fui notre demeure,
Avec l’illusion qui berçait nos mamans.
Souvenirs disparus des ancêtres aimants,
Vous préparez le glas de notre dernière heure !
Janvier 1918.