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PRÉAMBULE

« L’attitude de l’ancien Gouvernement allemand au Congrès de La Haye, ses actions, ses omissions dans les journées tragiques de juillet, ont contribué au malheur, mais nous contestons fermement que l’Allemagne, dont le peuple avait à se défendre, soit seule chargée de cette culpabilité. Personne de vous ne voudra prétendre que le malheur n’a commencé que quand l’Autriche-Hongrie fut victime d’une main assassine.

« Dans les dernières cinquante années d’impérialisme, tous les États européens ont empoisonné la situation internationale. C’est la politique de la revanche, la politique de l’expansion et la négligence du droit des peuples qui ont contribué à la maladie de l’Europe, laquelle a eu sa crise dans la guerre.

« La mobilisation russe enleva aux hommes politiques le moyen d’éviter que la solution du conflit ne fût livrée aux mains des militaires.

« L’opinion publique dans tous les pays ennemis se plaint des atrocités que l’Allemagne a commises au cours de la guerre. Nous sommes prêts à avouer le tort que nous avons fait. Nous ne sommes pas venus ici pour amoindrir les responsabilités des hommes qui ont fait la guerre politiquement et économiquement, ni pour nier les crimes commis contre le droit des peuples. Nous répétons la déclaration faite au commencement de la guerre au Reichstag allemand : « On a fait tort à la Belgique et nous voulons le réparer. »

« Mais aussi dans la manière de faire la guerre l’Allemagne n’a pas commis seule des fautes, chaque nation en a commis. Je ne veux pas répondre aux reproches par des reproches, mais, si on nous demande de faire amende honorable, il ne faut pas oublier l’armistice.

« Six semaines se sont écoulées jusqu’à ce que nous ayons reçu vos conditions d’armistice ; six mois se sont écoulés jusqu’à ce que nous ayons reçu vos conditions de paix.

« Les crimes commis pendant la guerre ne sont pas excusables, mais ils se commettent au cours d’une lutte pour l’existence nationale, dans des heures de passion qui font la conscience des peuples moins sensible. Plusieurs centaines de mille non-combattants qui sont morts depuis le 11 novembre des suites du blocus ont été tués avec préméditation.

« La mesure de la culpabilité de tous les personnages en cause ne peut être constatée qu’après une enquête impartiale menée par une commission neutre, devant laquelle seront appelées toutes les personnalités responsables de la guerre et pour laquelle nos archives sont ouvertes.

« Nous avons demandé déjà une telle enquête et nous répétons notre demande. D’ailleurs, dans cette Conférence où nous