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TRAITÉ DE VERSAILLES (1919)

Puis M. Georges Clemenceau conclut :


« Si quelqu’un a des observations à présenter, nous sommes à sa disposition. »


M. Dutasta, secrétaire général de la Conférence, s’avance alors et, s’inclinant, dépose devant M. de Brockdorff-Rantzau un exemplaire du traité de paix.

C’est un fort volume in-4, à couverture blanche, portant le double titre, en français et en anglais :

« Conditions de paix. »
« Conditions of peace. »


À ce moment, le président fait connaître aux délégués allemands la procédure adoptée par la Conférence :


« Il n’y aura pas de discussion verbale ; les observations que pourraient avoir à formuler les délégués allemands devront être présentées par écrit. »

Il les informe en outre qu’ils auront « un délai de quinze jours pour remettre leurs observations sur l’ensemble du traité dont il énumère les titres. Ces observations devront être rédigées en français et en anglais ».


Ces paroles répétées en allemand par l’interprète, M. Clemenceau, se levant, déclare :


« La parole est à M. le comte de Brockdorff-Rantzau. »


Toute l’attention de l’Assemblée se porte alors sur le plénipotentiaire allemand, qui, resté assis, pose devant lui un long mémoire dactylographié dont il commence la lecture en allemand :


« Nous sommes profondément pénétrés de la tâche sublime qui nous a amenés ici pour donner une paix durable au monde.

« Nous ne méconnaissons pas la grandeur de notre impuissance et l’étendue de notre défaite ; nous savons que la puissance des armes allemandes est brisée, nous connaissons la puissance de la haine que nous rencontrons ici. Nous avons entendu la demande pleine de passion que les vainqueurs nous feront payer comme vaincus et comme coupables. On nous demande de nous reconnaître seuls coupables de la guerre : une telle affirmation serait dans ma bouche un mensonge. Loin de nous la pensée de décliner notre responsabilité dans la guerre mondiale et dans la manière dont elle fut faite.