gens vertueux doivent s’abſtenir des viandes & des plaiſirs des ſens, parce que ceux qui s’y livrent ont bien de la peine à les concilier avec la raiſon. C’eſt ce que ne comprend point la partie de nous-mêmes qui n’eſt pas raiſonnable ; car elle n’eſt pas capable de réfléxion. Si nous pouvions nous délivrer de la ſervitude de manger, il nous ſeroit plus aiſé de parvenir à la perfection. La digeſtion, le ſommeil, le repos néceſſaire après avoir mangé, demandent une attention continuelle de la part de la raiſon, pour nous empêcher de nous livrer à des déſirs déréglés, ſuites ordinaires des nourritures trop fortes.
XLVI. La raiſon réduit à peu de choſes le néceſſaire. Elle ne cherche point à avoir un grand nombre de domeſtiques brillans, ni à ſe procurer beaucoup de