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viandes ne nous ſouillent pas plus, que les ordures des fleuves ne ſouillent la Mer. Elle les reçoit, parce qu’elle ne craint pas d’en être infectée. Nous ſerions les eſclaves d’une vaine terreur, ſi nous apportions trop de précautions ſur la nature des alimens dont nous faiſons uſage : quelques ordures qui ſe mêlent à une petite quantité d’eau la gâtent ; mais on ne s’en appercevroit pas, ſi elles étoient jettées dans la Mer. Ce n’eſt qu’aux petites ames à être précautionnées ſur les alimens ; les génies puiſſants n’ont rien à craindre : ils ne peuvent pas en être ſouillés. C’eſt ainſi que ces raiſonneurs ſe trompent & que ſous le faux prétexte de l’indépendance de leur ame, ils ſe précipitent dans les abîmes du malheur. Ce ſont ces principes, qui ont engagé quelques Cyniques à s’abandonner à toutes les