Page:Traité de Porphyre, touchant l'abstinence de la chair des animaux.djvu/330

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qui laiſſent toujours l’ame dans l’état naturel : comme le vrai aliment de la pierre, de la plante, & du corps, eſt ce qui les conſerve & ce qui les fait augmenter. Autre choſe eſt de ſe nourrir, autre choſe eſt de s’engraiſſer ; autre choſe eſt de ſe procurer les choſes néceſſaires, autre choſe eſt de donner dans le luxe. Il y a différentes fortes de nourritures, & différentes eſpéces à nourrir. Il faut à la vérité tout nourrir : mais il ne faut chercher à engraiſſer que ce qu’il y a de principal en nous. La nourriture de l’ame raiſonnable eſt ce qui conſerve la raiſon & ſon entendement. C’eſt donc là ce qu’il faut chercher à nourrir & à engraiſſer, plûtôt que le corps par l’uſage de la chair. C’eſt l’entendement qui doit être heureux éternellement. Un corps trop gras rend l’ame moins heureuſe, par-