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de ſauvages & de féroces, & nous mangeons les familiers, en quoi nous commettons une double injuſtice. Premiérement, en les tuant, ſecondement, en les mangeant. On peut ajouter à tout ceci, que ceux qui diſent que c’eſt détruire la Juſtice que de l’étendre juſqu’aux bêtes, non-ſeulement n’ont pas de vraies idées de la Juſtice, mais ne travaillent que pour le plaiſir, qui eſt l’ennemi capital de la juſtice. Car dès que le plaiſir eſt la fin de nos actions, il ne peut plus y avoir de juſtice. Qui eſt-ce qui ne ſait pas, que l’amour de la Juſtice s’augmente par la privation du plaiſir ? Quiconque s’abſtient de tout ce qui eſt animé, & même des animaux qui ne ſont pas utiles à la ſociété, aura beaucoup plus de répugnance à faire tort à ſes ſemblables ; & mieux il ſera diſpoſé vers les animaux en général,