Page:Traité de Porphyre, touchant l'abstinence de la chair des animaux.djvu/229

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ſons uſage, ce n’eſt pas une raiſon d’être injuſte à l’égard de tout ce qui exiſte. La nature nous permet de faire quelque tort, lorſqu’il s’agit de nous procurer le néceſſaire, ſi toutefois on peut appeller tort ce qu’on enlève aux plantes, en leur laiſſant la vie : mais de détruire ou de gâter le reſte pour ſatisfaire les plaiſirs, cela eſt aſſûrément cruel & injuſte, puiſque l’abſtinence de ces choſes ne nous empêcheroit ni de vivre, ni d’être heureux. Si le meurtre des animaux & leur chair nous étoient auſſi néceſſaires pour vivre, que l’air, l’eau, les plantes & les fruits ſans leſquels nous ne pouvons pas vivre, la nature nous auroit mis dans la néceſſité de commettre cette injuſtice : mais ſi pluſieurs Prêtres des Dieux, pluſieurs Rois barbares qui menoient une vie pieuſe, & une infinité d’animaux