Page:Traité d'hygiène.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée
10
ANTHROPOLOGIE

les aspirations de l’humanité, toutes ses tendances vers un perfectionnement continu et indéfini, et qui se formule par un seul mot : le progrès.

Telle est, à notre sens, la véritable portée de l’hygiène ; tout ce qui intéresse l’histoire de l’humanité est de son ressort ; elle doit puiser ses enseignements, non seulement dans la connaissance des conditions physiques et physiologiques de l’existence : l’attention de l’hygiéniste ne doit pas se borner à l’homme contemporain et au compatriote ; l’évolution de l’homme dans la succession des temps et dans la variété des milieux et des climats est un objet d’étude tout aussi instructif, et ce n’est que par l’étude des étapes successives parcourues par l’humanité qu’il est possible de dégager quelques-unes des lois qui ont présidé à son évolution et qui contribueront à l’assurer dans l’avenir.

D’où est venue l’humanité ? comment se sont formées les diverses races qui la composent ? comment se sont groupés les peuples actuels, et quelles sont les conditions qui expliquent la suprématie et la marche envahissante des uns, l’infériorité et le refoulement graduel des autres ? Telles sont les graves questions qui se dressent au seuil de toute étude ayant l’homme pour objet. Problèmes redoutables entre tous, non seulement par les obscurités inhérentes au sujet, mais surtout par les discussions de principe et les conflits ardents qu’ils soulèvent.

Cependant, de toutes parts, on s’est mis à la tâche avec une merveilleuse ardeur, et le problème des origines de l’homme a été abordé, de tous les côtés à la fois, par toutes les branches de nos connaissances. L’histoire écrite, la géologie, l’archéologie, la paléontologie, l’ethnologie la linguistique, tout a été mis à contribution, et la science de l’homme ainsi comprise, quoique née d’hier, n’en constitue pas moins l’un des plus beaux titres de gloire de l’époque contemporaine. Bien des solutions manquent, une foule d’inconnues subsistent, mais les jalons sont posés, la voie est tracée, et telle est l’importance des données déjà établies, qu’il n’est plus permis, même dans un ouvrage de la nature de celui-ci, de passer sous silence les notions fondamentales désormais acquises à la science.

Dans toutes les cosmogonies, le problème des origines de l’homme est posé nettement et nettement résolu par la création d’un couple humain primitif et unique d’où dérivent tous les hommes ; elles ne diffèrent en cela que pour la date plus ou moins reculée assignée à cette création. Cette doctrine qui fait descendre tous les hommes, sans distinction de race, d’un seul et même couple, a été soutenue par toute une école de naturalistes, notamment par Cuvier et par Flourens. Pour ces savants, l’homme constituerait non pas un genre, mais une espèce unique, dont les races ne seraient que des variétés, espèce immuable dans ses caractères fondamentaux, et prouvant son unité spécifique par la fécondité illimitée du