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LES “DÉFENSEURS de la CIVILISATION” assassinent les Élites Intellectuelles

Ce n’était pas assez de nous avoir arraché, au mépris des conventions d’armistice, l’héroïque Alsace-Lorraine. Ce n’était pas assez de noyer chaque jour dans le sang la résistance farouche de ses fils : les boches ont voulu tuer l’âme même de la province martyre. Lâchement ils ont frappé le symbole vivant de sa haute culture, de son patriotisme agissant : son Université. Depuis quelques jours, l’Université de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand, est la proie d’une sanglante terreur. Étudiants, étudiantes, professeurs sont arrêtés. L’éminent professeur de grec et papyrologue Paul Collomp est assassiné, à la mitraillette, dans son propre bureau de la Faculté. Deux étudiants tombent sous les balles allemandes, l’Université est fermée.

Malgré le silence complice de Vichy, la terrible nouvelle s’est propagée et fait vibrer d’indignation et de haine tous les jeunes de France. Chacun a compris que ce crime perpétré contre l’Université la plus française par ses traditions et la plus chère à nos cœurs de Français, préludait à une vaste offensive contre nos élites intellectuelles et notre culture nationale. La gestapo veut en finir avec l’Université, ce foyer de civilisation et de résistance patriotique, cette éclatante négation de la barbarie destructrice nazie. Déjà l’attaque générale est déclenchée. L’Université d’Oslo est fermée à son tour. Étudiants et professeurs sont déportés, Aux énergiques protestations de la Suède, l’Allemagne répond par une brutale fin de non-recevoir. A Paris, les arrestations arbitraires de professeurs se multiplient.

Ne nous y trompons pas. Le forfait de Clermont est une mesure d’essai. Si nous courbons l’échine, la terreur va se déchaîner contre l’Université Française comme elle s’est déchaînée en Belgique, en Hollande, en Norvège.

Jeunes Français, ne tolérons pas que s’accomplisse ce crime. Prouvons notre solidarité agissante à notre élite intellectuelle menacée, Défendons contre le terrorisme hitlérien notre Université de Strasbourg, symbole d’une province provisoirement arrachée à la Patrie. Que tous les Comités des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique fassent entendre la protestation véhémente et unanime de la jeunesse française contre ces procédés de terreur et d’intimidation.

Par des pétitions, des délégations auprès des pouvoirs publics, exigeons la réouverture de l’Université de Strasbourg, la remise en liberté des Étudiants et Professeurs arrêtés. Par notre attitude résolue et notre union, affirmons notre volonté de sauvegarder l’intégrité d’une culture qui fait la pure gloire de la France et faisons reculer la terreur nazie, forte seulement contre les faibles et les lâches. Un défi nous est lancé. Sachons le relever.

LES FORCES UNIES DE LA JEUNESSE PATRIOTIQUE