Et je la vois parfois sourire en contemplant,
Sur son poing minuscule, un petit bonnet blanc
Tout mignon, qu’elle coud d’une aiguille fiévreuse.
Et moi, j’imaginais toute une histoire heureuse :
Un amant qu’on adore, et qui revient très tard
De son travail, et puis... et puis un gros moutard
Qu’une bonne nourrice élève à la campagne,
Dans un hameau perdu de la Basse-Bretagne.
Un gros gars qui vient bien, et qui coûte déjà,
Mais dame, savez-vous qu’il a grandi ? Voilà
Qu’il va sur ses trois ans, ma foi, c’est presque un homme.
Puis, il est si gentil ! C’est André qu’on le nomme,
Du nom de son papa. C’est pour lui, le bonnet,
Le beau bonnet tout neuf, à jour, en cordonnet
Qu’en hâte elle finit.
Soudain chassant mon rêve
Comme un ballon d’enfant qu’un coup de vent enlève,
La portière m’apprit, en rougissant, un soir,
Que le petit bonnet était un suspensoir.