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À quel état d’esprit, à quel sentiment a pu obéir le malheureux tailleur, lorsqu’il se résolut à sa téméraire tentative ? Nous ne l’aurions jamais su si le hasard ne nous avait mis, hier soir, en présence d’un ami de M. Reichelt, confident de ses projets.

— Voyez-vous, me dit-il, si bizarre que la chose puisse paraître, mon malheureux ami est mort victime de la loi qui ne protège les inventeurs que d’une façon dérisoire.

» Sans grandes ressources, malgré le bon état de ses affaires commerciales, il ne pouvait songer à faire breveter son invention pour toutes les parties du monde.

» Il s’était imposé de lourds sacrifices pour s’assurer la propriété de son vêtement-parachute au moins en France et dans quelques pays voisins. Mais il lui fallait exploiter son invention dans le plus court délai. Un brevet ne dure que quinze années et plus on approche de la date où il tombe dans le domaine public, plus les commanditaires se trouvent difficilement. Le succès retentissant de sa « descente » de la Tour Eiffel lui assurait une