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occupés de politique autrefois. Aujourd’hui les meilleurs écrivains de tous les pays clament leur réprobation du grand Crime qu’on ne peut plus arrêter. C’est un signe des temps.

Le prolétariat mondial continue son douloureux chemin de croix. La période que nous traversons est vraiment intéressante : nos petits-fils regretteront peut-être de n’avoir pas vécu de nos jours. Grand merci ! Ils se rendront compte que la chute des cités orientales, que les grandes invasions romaines et barbares, que le déluge d’Asie lui-même n’est rien à côté de ce bouleversement spirituel et sanglant du début du XXe siècle.

Que d’horreurs et d’injustices encore à l’heure où j’écris ces lignes. L’attentat mondial contre la Russie continue. En France, une bonne cinquantaine de militants de tout premier ordre sont poursuivis ou arrêtés ; on y époussette de vieilles lois oubliées : c’est là, après la mort de douze cent mille généreux Français, le couronnement de l’assassinat de Jaurès. La graisseuse Hollande fait la traque aux Idées. Savons-nous au juste ce qui s’est passé en Allemagne ? Le prolétariat anglais lutte, en vain, dirait-on, pour de grandes réformes ouvrières. L’Irlande dégoutte de sang. La libre Amérique est devenue un bagne : Debs — qui après-demain peut-être aurait été président des États : signe des temps encore ! — Debs est en prison et y va mourir. On assassine les grévistes en Espagne (Rebera Rovira est incarcéré) et en Italie. L’Orient bouge, par places… Seuls quelques pays du Nord, pays de rêve et d’évangile, et notre petit pays — si mal situé cependant ! — jouissent d’un calme relatif.

Et en Hongrie ? Hier encore, on frissonnait lorsqu’on parlait de l’invasion de la Belgique. Avant-hier, c’était