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dans leur milieu, ceux qui comparaîtront devant vous et songez souvent à votre passé. Dites-vous bien que vos textes n’ont rien de surhumain et qu’il y a des délits contre lesquels seuls de volumineux traités de morale seraient efficaces. — Avocats de demain, soyez de sincères défenseurs de ceux qui vous confient la défense de leur faiblesse — de leur existence parfois — et non des rhétoriciens stipendiés qui se laissent féliciter par ceux qui leur arrachent leurs pauvres bougres de clients. Industriels, soyez des pères et non des ergastulaires : ne dépensez plus en une journée le salaire annuel d’un des innombrables êtres auxquels vous devez votre fortune. Ingénieurs, ne soyez plus les complices de vos patrons : cherchez surtout à adoucir le travail de ceux que vous dirigez. Médecins, ne soyez plus les prébendiers du malheur. Professeurs, soyez des apôtres et non des programmes fossilisés.

C’est de l’héroïsme que je vous demande, jeunes gens : j’en attends de vous tous. Ces gestes ne seront possibles que dans une société nouvelle où l’on tiendra compte du coût de vos études, de la fatigue de vos veilles, de l’angoisse de vos examens, car je sais que vous n’avez pas la vie facile. Eh bien ! cette société nouvelle vous la tenez entre vos mains, créez-la ! Nous vous offrons nos bras et notre bonne volonté : vous serez notre cerveau. Êtes-vous prêts à faire, avec nous tous, un peu de véritable sociologie ?

« La sagesse » vous crie Romain Rolland, « n’est pas de partir avec la sagesse toute faite pour toujours, mais de savoir la cueillir sincèrement le long de sa route… Marchez ! marchez toujours ! Chaque pas en avant est du terrain