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la meute des pions de lettres et des ignares aboie en chœur lorsque nous prononçons les quatre syllabes prestigieuses de son nom. Il y a une aristocratie des Idées, il y a une myopie cérébrale, il y a des œuvres inaccessibles au premier venu, il y a des dieux humains, il y a des cuistres — et des malins ! — et il y en aura toujours dans les siècles des siècles. N’en parlons plus.

Je déchiffre avec une profonde émotion l’écriture singulière de ce grand Européen, né à Clamecy (France), je me rappelle ce qu’il a fait pour moi — je l’admirais totalement avant ce geste, je le bénis depuis lors — et je me laisse attendrir ou électriser au rythme des phrases tour à tour miséricordieuses et viriles de son appel aux jeunes gens. L’écouterez-vous, jeunes hommes ? Me permettez-vous d’insister dans l’organe de la démocratie socialiste belge ?

Jeunes gens ! l’un de vos journaux a parlé de moi récemment. Vous aviez intitulé de mon nom le long article que vous me consacriez. Vous me connaissez donc un peu : c’est pourquoi je me permets de vous écrire aujourd’hui. Je pense souvent à vous, jeunes gens, dont je pourrais être — si la vie m’avait été clémente — le condisciple, car je ne suis votre aîné que de quelques années. Ah ! j’ai tout fait pour me rapprocher de vous : je me suis attelé à des besognes de collégien — alors que j’étais déjà un homme — par amour de la science, certes ; pour vulgariser celle-ci autour de moi, car j’estime que la bonté vient de la science ; mais aussi pour partager les joies spirituelles que vous éprouviez au cours d’une leçon et dont vous m’apportiez l’essence : que de fois mon pauvre cerveau s’est-il efforcé de suivre les trajectoires de vos recherches. Je coudoie quel-