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n’ont jamais éprouvé cette confiance de cœur et cette gaieté d’esprit qui sont le plus doux privilège du bel âge ; la Révolution nous mûrissait vite et mettait des ombres sur nos fronts. Il n’y avait pas de jeunesse pour ceux qui s’attendaient chaque matin à mourir. Vous connaissez maintenant, mon enfant, la partie tragique de la vie de votre mère. La partie dont il me reste à vous parler ne sera pas exempte de tribulations ; mais, à avoir beaucoup souffert, on gagne de trouver supportable le temps où l’on souffre moins.

Nous voilà libres enfin. Le premier usage que nous fîmes de notre liberté fut de chercher les moyens d’obtenir la permission d’aller au Temple porter à Madame quelques consolations. Elle était seule : le Roi, la Reine, Madame Élisabeth, tout avait péri autour d’elle, tout avait disparu.

Que de démarches il nous fallut faire ! de