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magasin. Ah ! Monsieur Luneau, pour rendre le libraire fripon, vous le faites si bête, mais si bête, que pour vous en croire il faudrait être encore plus bête que lui.

Le commerçant en succès doit hausser le prix de son effet, à moins que la valeur n’en ait été fixée par quelque pacte ; alors, bon gré, mal gré, il faut qu’il s’y tienne. Le libraire qui avait fixé la planche au prix modique de 4 sols 6 derniers, s’y est-il tenu ? La première et la dernière planche livrées ont-elles été vendues à ce prix ? Assurément. Le libraire Briasson est donc un étourdi ; mais ni lui, ni ses associés ne sont des fripons.

Qu’en a pensé le public si bien averti par M. Luneau ? Il n’aura pas souffert, apparemment, que des commerçants infidèles continuassent de le tromper ; il aura réclamé. Point du tout. Il a retiré des sept premiers volumes ceux qui lui manquaient au prix de la souscription, et les dix derniers volumes au prix de 20 livres. Il a accepté les volumes de planches qu’on vient de lui présenter, au prix stipulé à l’origine de l’entreprise. Il a traité la criaillerie de M. Luneau, comme elle le méritait, c’est à dire avec le plus parfait mépris.

Qu’en ont pensé les juges criminels ? Et le décret décerné contre M. Luneau en conséquence de ses accusations, et la sentence qui le renvoie, lui sans indemnité, les libraires sans châtiment proportionné, le disent assez. La loi vous a traité, Monsieur Luneau, comme un accusateur d’un esprit borné, mais de bonne foi. L’étourderie du libraire Briasson a été punie, et vous a sauvé. Mais s’il y avait eu dol, vol public, concussion, croyez que le décret dont vous avez été relevé aurait incontinent saisi le concussionnaire.

D’où il s’ensuit qu’il n’y a plus de logique, aucune notion fixe d’équité, ou que les chefs d’accusation de M. Luneau sont autant d’absurdités. Après l’avoir, je