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jamais abouti. Lorsque le dernier coup de marteau des enchères aura retenti, rien absolument ne rappellera donc plus cet ensemble encore intact à l’heure où j’écris, rien, que divers catalogues rédigés, j’en suis certain, avec tout le soin désirable ; mais qu’est-ce qu’un catalogue, sinon le procès-verbal de décès de quelque chose qui a vécu ? Nul ne peut prévoir encore à quel chiffre monteront ces enchères, ni si les généreuses volontés d’Edmond de Goncourt pourront recevoir leur plein accomplissement ; mais je demande à ses légataires et à ses exécuteurs testamentaires de tenir compte d’un vœu qu’il n’a très probablement pas formulé et qui lui tenait cependant tant à cœur : je leur demande de réserver sur les sommes réalisées la part nécessaire pour donner une forme durable et splendide à ce livre où le survivant de la plus étroite fraternité qui fût jamais a voulu, comme il l’a dit lui-même, « écrire les mémoires des choses » au milieu desquelles se sont écoulées deux existences vouées au culte exclusif de l’Art et des Lettres.

Août 1896.