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au soleil. On tombe dans le même inconvenient, si l’on se jette de l’eau sur le visage avec trop de violence, si l’on reçoit du sang ou quelqu’autre ordure sur son corps, si l’on vomit, si l’on s’évanoüit, si l’on boit du vin, si l’on dort pendant la priere ; enfin si l’on se laisse toucher par un chien, ou par quelqu’autre animal impur. Toutes ces raisons leur font bâtir des reservoirs, des fontaines, des robinets autour des Mosquées, ou chez eux. Au deffaut d’eau, ils peuvent se servir de sable, de poussiere, ou de quelques plantes propres pour se nettoyer. Le Chapitre que a()Rabelais a fait et qui porte un assez plaisant titre, leur seroit d’un grand secours si on le traduisoit en leur langue.

Aprés que les Turcs se sont purifiez, ils baissent les yeux et se recüeillent en eux-mêmes pour se disposer à la priere qui se fait cinq fois par jour, 1°. Le matin entre la pointe du jour et le lever du Soleil, 2°. A midi, 3°. Entre midi et le Soleil couchant, 4°. Au coucher du Soleil, 5°. Environ une heure et demi aprés que le Soleil est couché. Toutes ces prieres sont accompagnées de plusieurs inclinations et de quelques prosternations. Ils peuvent prier ou chez eux ou dans les Mosquées, et ils sont avertis des heures destinées à cet exercice par des hommes gagez qui se reglent sur le cours du Soleil, et sur des horloges de sable : ce sont des cloches parlantes, car ils montent, aux heures reglées, dans les galeries des Minarets, et se bouchant les oreilles avec les doits, ils chantent de toute leur force les paroles suivantes : Dieu est Grand, il n’y a point d’autre Dieu que Dieu ; venez à la priere, je vous l’annonce clairement. Ces Chantres repetent quatre fois ces mêmes paroles, en se tournant premierement vers le Midi, puis vers le Septentrion, ensuite vers le Levant, et ils finissent du côté du Couchant.

A ce signal tout le monde se purifie et s’en va à la Mos-