Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des armes, des chevaux. Quand on circoncit un des Enfans du Grand Seigneur, les réjoüissances sont publiques, et l’on tire toute l’artillerie du Serrail. On fait des courses dans l’Atmeidan et dans les autres places ; on tend les escarpolettes dans les ruës, et on renouvelle tous les divertissemens du Bairam.

Il est bon de remarquer que l’Iman n’impose point de nom au nouveau circoncis ; c’est le pere qui donne le nom qu’il veut à ses enfans lorsqu’ils viennent au monde. Il tient entre ses bras le nouveau né, et l’élevant vers le ciel pour l’offrir à Dieu, il lui met un grain de sel dans la bouche en disant : Plaise à Dieu que son saint nom, mon fils Solyman, par exemple, te soit toûjours aussi savoureux que ce sel, et qu’il t’empesche de goûter les choses de la terre. Ces noms sont pour l’ordinaire Ibrahim ou Abraham : Solyman qui signifie Salomon : Isouph Joseph : Ismael Oyant Dieu : Mahomet Loüable : Mahmoud Desirable : Scander Alexandre : Sophy Saint : Haly Haut : Selim Paisible : Mustapha Sanctifié : Achmet Bon : Amurat ou Mourat Vif : Seremeth, Diligent.

Des Conseil je passe aux Commandemens. Les Musulmans sont si convaincus que les prieres sont les clefs du Paradis et les colonnes de la religion, comme ils disent, qu’ils s’y appliquent avec une attention tout-a-fait édifiante. Rien ne peut les dispenser de prier ; il est ordonné que lorsqu’ils seront à l’armée, ils se releveront les uns les autres pour prier tandis que leurs camarades seront sous les armes. Que ceux, dit l’Alcoran, qui vont faire la priere, ne soient pas yvres, mais sobres et qu’ils ayent l’esprit libre, afin qu’ils sachent ce qu’ils doivent faire ; ce qu’ils doivent dire. On lit dans le même livre, que ceux qui prient avec un esprit malade et sans penser à ce qu’ils font, quoiqu’ils paroissent bien faire, n’ont gueres d’amour de Dieu.