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mées ce jour-là jusques à midi, et même ceux qui sont un peu aisez ne les ouvrent que le lendemain.

La Circoncision et l’abstinence de pourceau, et des viandes suffoquées, n’ont peut-être été inserées dans la Loy que par complaisance pour les Juifs qui étoient alors autant ménagez par les Mahometans, qu’ils en ont été méprisez par la suite. Le bien public porta le Legislateur à deffendre l’usage du vin à ses disciples. Abstenez-vous, dit-il, du vin, de joüer aux jeux de hazard et aux echets ; ce sont des inventions du démon pour répandre la haine et la division parmi les hommes ; pour les éloigner de la priere, et pour les empécher d’invoquer le nom de Dieu. Cependant ils avoüent que le vin est une chose excellente, et que la tentation en est si chatoüilleuse, qu’elle rend ce peché fort pardonnable. Ils se moquent de nous qui le beuvons avec de l’eau, et disent que lorsqu’on se mêle d’en boire, il faut satisfaire son appetit et non pas l’irriter. A l’égard de la chair du pourceau, les Turcs l’ont en horreur ; mais les Persans en regardent l’abstinence, plûtost comme un conseil, que comme un precepte ; ils en mangent, ou s’en abstiennent de même que du vin, suivant l’usage qu’en fait le Prince, sur le goût duquel tout l’Empire se conforme aveuglément. Quand on entre sur les terres du Roy de Perse, il est agréable pour les voyageurs d’y pouvoir boire du vin sans en faire mistere, et d’y voir dans la campagne des troupeaux de pourceaux ; les Persanes qui habitent les frontieres connoissent si bien les Chrétiens, qu’elles courent à eux à toutes jambes avec des bouteilles de vin et des jambons, dés qu’elles aperçoivent une caravane.

Pour la Circoncision, les Turcs la regardent plûtost comme une marque d’obéissance à la religion, que comme une Loy essentielle ; il n’est point parlé de cette cérémonie dans l’Alcoran, et c’est plûtost une tradition qu’ils