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L’Eglise de S. George des Grecs est dans le fauxbourg sur la croupe de la colline qui fait le tour du Port ; vis à vis est l’écueil sur lequel on a bâti un Château quarré où l’on tient une vintaine de soldats en garnison. Le Port de Scalanova est un Port d’Armée, il regarde le Ponant et le Mistral : Il y a environ mille familles de Turcs dans cette ville, six cens familles de Grecs, dix familles de Juifs, et soixante d’Armeniens. Les Grecs y ont l’Eglise de Saint George, les Juifs une Synagogue, les Armeniens n’y ont point d’Eglise. Les Mosquées y sont petites. On n’entretient dans la ville et aux environs, qu’environ cent Janissaires. Pour le commerce, il n’est pas considérable, parce qu’il est deffendu d’y charger des marchandises destinées pour Smyrne ; ainsi l’on n’y va charger que du blé et des haricots. Il y a dans cette Place un Cadi, un Disdar et un Sardar. On ne compte qu’une journée de Scalanova à Tyre, autant à Guzetlissar ou Beau Château, qui est la fameuse Magnesie sur le Meandre, à une journée et demie des ruines de Milet.

Le 25 Mars en revenant de Samos, nous allâmes de Scalanova à Ephese. Le lendemain nous partîmes pour revenir à Smyrne, et nous couchâmes ce jour-là à Tourbalé qui est à six heures de Smyrne. Tourbalé est un méchant village dans lequel on voit plusieurs vieux marbres qui font plaisir aux étrangers ; car d’ailleurs les Turcs qui y habitent sont peu gracieux. On voit encore dans le Caravanserai, des colomnes de Granit ou de marbre blanc. A trois mille de Tourbalé, au pied de la montagne prés d’un cimetiere, sont les débris d’une ancienne ville, mais on n’y trouve rien qui puisse en apprendre le nom. Tout ce quartier est plein de Leontopetalon, et d’Anemones satinées couleur de feu. Nous ne trouvâmes à manger à Tourbalé que du pain de Dora, qui est fort