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Claude, puisqu’on trouva le nom de cet Empereur sur un piédestal. Strabon nous apprend que les Lydiens avoient détruit une ville encore plus ancienne que celle qu’il décrit, et c’est de celle dont parle Herodote, lorsqu’il assûre que Giges Roy de Lydie déclara la guerre aux Smyrnéens, et qu’Halyattes son petit fils, la prit. Elle fut ensuite maltraitée par les Ioniens, surprise par ceux de Colophon ; enfin renduë à ses propres Citoyens, mais démembrée de l’Eolide. Mr Spon écrit que cette ancienne Smyrne étoit entre le Château de la Marine, et la ville d’aujourd’hui ; il en reste encore quelques ruines sur le rivage.

Les Romains pour se conserver la plus belle porte d’Asie, ont toujours traité les Citoyens de Smyrne fort humainement ; et ceux-ci pour n’être pas exposez aux armes des Romains, les ont beaucoup ménagez, et leur ont eté fidelles. Ils se mirent sous leur protection pendant la guerre d’Antiochus ; il n’y a que Crassus Proconsul Romain qui fut malheureux auprés de cette ville. Non seulement il y fut battu par Aristonicus, mais pris et mis à mort ; sa tête fut presentée à son ennemi, et son corps enseveli à Smyrne. Perpenna vangea bientôt les Romains, et fit captif Aristonicus. Dans les guerres de Cesar et de Pompée, Smyrne se déclara pour ce dernier, et lui fournit des vaisseaux. Aprés la mort de Cesar, Smyrne qui penchoit du côté des conjurez, refusa l’entrée à Dolabella, et receut le Consul Trebonius l’un des principaux auteurs de la mort du Dictateur ; mais Dolabella l’amusa si à propos, qu’étant entré la nuit dans la ville il s’en saisit et le fit martyriser pendant deux jours. Dolabella cependant ne put pas conserver la Place ; Cassius et Brutus s’y assemblerent pour y prendre leurs mesures.

On oublia tout le passé quand Auguste fut paisible pos-