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dont le haut est terminé en demi cercle, et le bas est ouvert en quarré. Cet endroit présenement est fort agréable par sa pelouse, car les eaux n’y croupissent point. Il ne faut pas juger de la veritable grandeur du Cirque ou du stade, par les mesures que nous avons rapportées ; on sçait que ces sortes de lieux n’avoient ordinairement que 125 pas de long, et qu’on les appelloit Diaules quand ils avoient le double. On découvre de cette colline toute la campagne de Smyrne qui est parfaitement belle, et dont les vins étoient estimez du temps de Strabon et d’Athenée.

Rien ne donne une plus belle idée de la magnificence de l’ancienne Smyrne, que la description que Strabon en a laissée. Lorsque les Lydiens, dit cet Auteur, eurent détruit Smyrne, tout ce quartier, pendant environ 400 ans, ne fut peuplé que par bourgades ; mais Antigonus la rétablit, et ensuite Lysimachus. C’est aujourd’huy la plus belle ville d’Asie. Une partie est bâtie sur la montagne, mais la plus grande partie est dans la plaine sur le Port, vis à vis le Temple de Cybele et du Gymnase. Les ruës sont les plus belles qu’on ait pû faire, tirées à angles droits et pavées de belles pierres. Il y a de grands et beaux Portiques, une Biblioteque publique, et un Portique quarré où est la statuë d’Homere ; car ceux de Smyrne sont fort jaloux de ce qu’Homere a pris naissance parmi eux, et ils ont fait frapper un Médaillon de cuivre qu’ils appellent Homerion. La riviere Meles coule le long de ses murailles. Entre les autres commoditez de la ville, il y a un Port que l’on ferme quand on veut.

Telle étoit Smyrne au temps d’Auguste, et suivant les apparences on n’avoit encore bâti ni le Theatre ni le Cirque, car Strabon ne les auroit pas oubliez. Ainsi Mr Spon a conjecturé avec raison, que le Theatre fut bâti sous